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Témoignage de Yann Penduff, responsable de projet à Chantiers de l’Atlantique

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Yann Penduff est chargé du projet de construction de la sous-station électrique du futur Parc éolien en mer de Saint-Nazaire pour le compte de Chantiers de l’Atlantique. Notre champion national de la construction navale est leader du consortium formé avec la société SDI/DEME Offshore, spécialisée dans les travaux maritimes offshore et General Electric Grid Solutions, spécialisé dans l’équipement de sous-stations électriques offshores. Il revient sur ce chantier aux proportions monumentales.

 

Qu’est-ce qu’une sous-station électrique ?

Une sous-station électrique offshore est le cœur du parc éolien. Elle collecte, centralise et transforme l’énergie produite par les éoliennes pour permettre son transport sur un poste à terre par l’intermédiaire de câbles sous-marins. Elle abrite également des équipements auxiliaires nécessaires à son fonctionnement. Cet ouvrage est autonome et contrôlé à distance, mais reste accessible par mer ou hélicoptère pour des opérations de maintenance.

 

 

Quelles sont ses dimensions ? 

La fondation, qui est une structure de type « jacket » et fixée au sol par des pieux, mesure 50 mètres de hauteur pour un poids de 1 200 tonnes. La partie supérieure aussi nommée « topside » mesure 20 mètres de haut, 40 mètres de long, 30 mètres de large et pèse 2 200 tonnes. 

 

Depuis quand et pourquoi vous êtes-vous tourné vers l’éolien en mer ? 

Depuis 2012, Chantiers de l’Atlantique a décidé de diversifier une partie de ses activités. Nous avons fait le choix de l’éolien en mer en raison des synergies possibles avec les moyens dont nous disposions pour la construction navale. Objet marin, une sous-station électrique exige des moyens d’études, d’intégration, et industriels de construction, de levage, de manutention et d’installation en mer. Nous mettons en commun nos bureaux d’études, nos ateliers, notre personnel hautement qualifié et des savoir-faire précieux, comme ceux de la chaudronnerie industrielle. Nous avons déjà construit trois sous-stations électriques, dont deux en contrat EPCI (Etude, Achats, Construction et Installation) en Mer Baltique et en Mer du Nord. Ces trois sous-stations permettent d’ores et déjà de transmettre 1 GW d’électricité bas carbone, c’est-à-dire l’équivalent de la consommation d’un million de foyers. Ensemble, nous avons déjà réalisé des travaux offshore similaires avec nos partenaires du Consortium.

Enfin, nous avons également construit la fondation de la première éolienne Haliade 6 MW, installée au bord de la Loire. 

 

Quels atouts ont permis à la société du Parc du Banc de Guérande de vous faire confiance ?

Outre les trois grandes références que je viens d’évoquer, nous avons l’habitude de traiter des projets complexes et travaillons avec une clientèle internationale. Nous sommes marins, intégrateurs, nos équipes “études” sont performantes et localisées au plus près des lieux de production ce qui est un atout en termes d’adaptation et de réactivité. Nous disposons de moyens industriels techniques et du réseau de sous-traitance adaptés à cette réalisation.

Enfin, les navires de notre partenaire SDI/DEME Offshore France, leader en éolien en mer, sont à la pointe de la technologie ainsi que leurs équipages expérimentés ; ils nous permettront de réaliser les opérations d’installation en mer en toute sécurité.

 

Combien de personnes sont mobilisées pour cette construction ?

Si nous comptons l’ensemble du consortium, je dirais 600 personnes dont 400 sur notre site. A Chantiers de l’Atlantique, nous mobilisons à ce stade 20 personnes pour le management de projet, 70 personnes pour les études et une centaine de personnes pour la construction, puis environ 200 personnels d’entreprises sous-traitantes. Nos partenaires GE Grid Solutions  et SDI/DEME Offshore mobilisent environ 200 personnes sur un tel projet. Cette donnée devrait évoluer au gré de l’avancement du chantier.

 

Combien de temps faut-il pour construire ce poste électrique et quand sera-t-il installé en mer ?

Depuis avril 2019, nous réalisons les études de conception. La construction a débuté en début d’année 2020. En 2021, nous procéderons à « l’armement » de la structure, c’est-à-dire l’intégration des équipements avant de procéder au transport et à l’installation en mer. Notre partenaire SDI/DEME Offshore se chargera de cette étape délicate avec des navires d’installation spécialisés aux dimensions très atypiques : le navire autoélévateur “INNOVATION”, long de 150 m interviendra dès cet été 2020 pour l’installation des pieux de la sous-station. Leur dernier né l’”ORION”, navire à positionnement dynamique équipé d’une grue de 5000 tonnes et long de 216.5 m, sera mobilisé plus tard pour l’installation du topside. Cela promet un beau spectacle au large de Saint-Nazaire !

 

Au large de St-Nazaire, l’installation de cette structure n’est pas sans risque. Quelles seront les précautions à prendre en matière de sécurité maritime ? 

Nous travaillons avec les équipes de SDI/DEME Offshore, spécialiste de ce type de travaux maritimes en mer à grande échelle. En collaboration avec les autorités maritimes et locales, les pêcheurs et le Parc du Banc de Guérande, nous allons sécuriser la zone, la réserver à un personnel restreint, dûment formé et certifié. Nous mettrons au point des procédures décrivant les opérations, les rotations de personnel à bord des navires, les plans pour réduire les risques et les plans d’urgence. Ces dispositions seront mises en œuvre et validées avec les Services de l’Etat concernés.

 

Quels sont les risques encourus par la faune et la flore marine lors de cette installation ?

Pour limiter au maximum notre impact, nous suivons attentivement les directives imposées par les études de Parc du Banc de Guérande. Par exemple, nous ne recouvrons pas la partie immergée de peinture pour éviter la propagation de solvants chimiques dans l’eau. Lors de l’installation, nous prévoyons d’utiliser des techniques limitant le bruit sous-marin et de réduire l’éclairage nocturne pour éviter de perturber l’écosystème. La sous-station est équipée de systèmes de prévention qui éliminent tout déversement accidentel. 

 

Ce projet est-il la seule collaboration entre votre société et les consortiums menés par EDF Renouvelables ?

Non, bien sûr ! Nous avons récemment été sélectionnés pour réaliser les sous-stations des champs éoliens en mer de Fécamp et Courseulles-sur-Mer. En capitalisant sur cette collaboration, nous espérons pouvoir être sélectionnés sur des champs qu’EDF Renouvelables et ses partenaires développeront ailleurs dans le monde. De grands projets comme ceux-ci, c’est avant tout un travail d’équipe !