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Témoignage de Karine Leclaire, Chargée de mission et facilitatrice des clauses sociales au sein de La CARENE (Communauté d’agglomération de la Région Nazairienne et de l’Estuaire).

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Facilitatrice de la clause sociale pour le parc éolien en mer de Saint-Nazaire, Karine Leclaire nous détaille sa mission ainsi que l’éventail des actions menées par EDF Renouvelables et ses entreprises partenaires. Inédite sur le territoire de La CARENE (Communauté d’agglomération de la Région Nazairienne et de l’Estuaire) pour le secteur industriel, cette clause porte déjà ses fruits avec plus de 70 personnes bénéficiaires. Un levier efficace d’insertion pour les publics éloignés de l’emploi, qui va continuer à essaimer durant toute la phase de construction puis de gestion du parc.  

Karine LECLAIRE – La CARENE

 

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une clause sociale et son ambition ?

Depuis 1993, une clause sociale peut conditionner l’attribution d’un marché public et constituer une condition d’exécution de ce marché. Cette clause a pour vocation de toucher et mobiliser les publics éloignés de l’emploi : demandeurs d’emploi de longue durée, de plus de 50 ans ou moins de 26 ans sans qualification, bénéficiaires de minima sociaux, travailleurs handicapés… 

Ces personnes bénéficient d’un accompagnement socio-professionnel qui va permettre de lever les freins périphériques à l’emploi (mobilité, logement, maîtrise de la langue, organisation familiale…) pour que ce dernier puisse être pérennisé dans l’entreprise partenaire ou dans une autre structure.

 

Quelles en sont les modalités de réalisation ?

Cette clause oblige l’entreprise choisie à réserver un volume d’heures de travail à des personnes en difficulté d’insertion. Sa mise en œuvre peut donner lieu à une embauche directe (CDI, CDD, alternance), une sous-traitance auprès d’une Structure d’Insertion par l’Activité Économique (SIAE) ou encore une mise à disposition de personnel par des Structures d’Insertion (Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion, Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification, associations intermédiaires…). 

 

En quoi consiste votre fonction de facilitatrice des clauses sociales ?

Je travaille au sein de la Direction Transition, Emploi, Développement économique de La CARENE dont la mission principale est d’accompagner l’implantation et le développement des entreprises sur le territoire de Saint-Nazaire agglomération. Pour ma part, j’accompagne les parties prenantes d’un projet (donneur d’ordre, pourvoyeurs de la clause sociale, entreprises partenaires) afin de faciliter la réalisation des heures d’insertion prévues contractuellement. Il s’agit de mettre en relation les besoins d’emploi et les partenaires de l’emploi (Pôle Emploi, Mission locale, Cap Emploi), de la formation et les structures de l’insertion par l’activité économique, qui accompagnent les demandeurs d’emploi dans leur parcours d’insertion professionnelle.

 

S’agit-il d’une première dans le domaine de l’éolien en mer ? 

C’est effectivement la première fois que la clause sociale est introduite dans un domaine industriel sur le territoire de la CARENE, a fortiori dans le domaine de l’éolien en mer. Jusqu’alors, la clause était essentiellement appliquée aux marchés du TP, du bâtiment et des services (entretien des locaux, espaces verts).

 

Comment cette clause sociale s’est appliquée au Parc éolien en mer de Saint-Nazaire ? 

Pour rappel, un consortium mené par EDF Renouvelables a été désigné lauréat par le gouvernement français pour trois projets éoliens en mer le long des côtes françaises (Saint-Nazaire, Fécamp et Courseulles-sur-Mer). 

EDF Renouvelables s’est ainsi engagé contractuellement à répartir un volume d’heures d’insertion avec tous ses partenaires industriels. Pour la partie construction et mise en route du Parc éolien en mer de Saint-Nazaire, cela représente plus de 77 000 heures d’insertion auxquelles viendront s’ajouter celles allouées à la partie gestion et démantèlement du parc.

 

Dans quelle mesure les entreprises partenaires d’EDF Renouvelables sont-elles impliquées ? 

Elles le sont pleinement. Les Chantiers de l’Atlantique avaient un engagement de 10 000 heures d’insertion pour la construction de la sous-station électrique. Ayant des besoins de long terme, l’entreprise a fait le choix de recruter en CDI une dizaine de personnes chaque année. Certains recrutements se sont faits dans le cadre de contrats de professionnalisation au sein de son centre de formation.

Certaines entreprises ont même souhaité pousser la démarche au-delà de l’objectif fixé contractuellement. C’est le cas de General Electric (voir l’interview d’Augustin Cloix) dont l’usine de Montoir-de-Bretagne produit les 80 nacelles d’éoliennes. L’entreprise avait un engagement de 45 000 heures d’insertion et totalise déjà 55 000 heures alors que la construction du parc n’est pas achevée. General Electric s’est par ailleurs impliquée dans la Commission Clause Sociale « Énergies Marines Renouvelables – EMR » que nous avons créée en lien étroit avec EDF Renouvelables, pour faire émerger des dispositifs adaptés aux besoins des acteurs de ce secteur.

 

Pouvez-vous nous citer quelques dispositifs déjà déployés dans ce cadre ? 

Pôle Emploi a mis en œuvre la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS) avec General Electric, qui prend en compte les compétences mais aussi les habilités personnelles (adaptabilité, raisonnement, esprit d’équipe…) de chaque candidat(e).

Cela permet d’évaluer la compatibilité des profils avec le poste proposé, en levant le frein du CV et du genre.  Un temps de formation a été mis en œuvre avec l’UIMM et le GEIQ Industrie avant la prise de poste, pour répondre au mieux aux besoins de GE.

Nous avons également mis en place le programme HOPE (Hébergement, Orientation, Parcours vers l’Emploi) avec General Electric et INSERIM (Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion) qui a permis l’intégration de personnes ayant le statut de réfugié. Cette opération est un succès avec plus de 11 personnes accompagnées, et va d’ailleurs être renouvelée par GE.

 

Quel est le bilan à date pour la partie construction du parc ? 

Il est effectivement trop tôt pour tirer un bilan définitif car la construction du parc n’est pas terminée. En revanche, on peut déjà affirmer que sa mise en œuvre est un succès grâce à l’implication d’EDF Renouvelables et de ses partenaires industriels. Ainsi, plus de 70 personnes éloignées de l’emploi ont bénéficié d’un accompagnement complet à ce jour et les 77 000 heures d’insertion contractuelles, seront largement dépassées. Ce cercle vertueux va perdurer en 2022, et au-delà avec l’exploitation du parc. Nous avons donc toutes les raisons de nous réjouir de la mise en place de ce dispositif sur le territoire de La CARENE !