Directeur de projet au sein de RTE France, Hervé Macé pilote le raccordement électrique du Parc éolien en mer de Saint-Nazaire. Le gestionnaire public du Réseau de Transport d’Electricité (RTE) s’est en effet vu confier par l’Etat, la maîtrise d’ouvrage du raccordement de plusieurs parcs éoliens en mer au large du littoral français. A commencer par celui de Saint-Nazaire ! Hervé Macé nous en dit plus sur l’avancement de cet extraordinaire chantier terrestre et maritime.
Pouvez-vous nous rappeler la mission fondamentale de RTE France ?
RTE construit, exploite et maintient le réseau de transport d’électricité à haute et très haute tension en France métropolitaine. La mission de RTE est d’assurer, à tout instant, l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité sur l’ensemble du territoire français, afin que tous nos clients aient accès à une alimentation électrique économique, sûre et propre.
C’est à ce titre que RTE France s’est vu confier le raccordement du futur Parc éolien en mer de Saint-Nazaire ?
Dans le cadre des appels d’offres lancés par l’Etat en 2011 pour le développement de plusieurs parcs éoliens en mer au large des côtes françaises, L’Etat a confié à RTE la maîtrise d’ouvrage de la construction puis l’exploitation du raccordement, tout au long de la durée de fonctionnement de ces parcs.
Le projet de Saint-Nazaire est une première en France, n’est-ce pas ?
Effectivement, il s’agit du premier raccordement d’une installation de production d’électricité en mer pour RTE. Un projet qui marque une étape importante dans le développement des Énergies Marines Renouvelables (EMR), et plus largement dans la mise en œuvre de la transition énergétique en France.
En quoi consiste précisément le raccordement du parc de Saint-Nazaire ?
En mer, le raccordement se compose de 2 câbles sous-marins déployés sur 33 km depuis la plateforme électrique en mer installée sur la zone du banc de Guérande, jusqu’à une zone dite « d’atterrage » située sur la plage de la Courance à Saint-Nazaire. Cette zone d’atterrage constitue la jonction entre la partie sous-marine et la partie souterraine du raccordement.
Le raccordement se prolonge ensuite sous la terre durant 27 km, en empruntant les communes de Saint-Nazaire, Trigniac, Montoir, Donges et Prinquiau. Sur cette dernière commune, la construction d’un poste électrique est nécessaire pour accueillir l’énergie produite par le parc éolien en mer et l’injecter sur le réseau existant.
Quels sont les travaux déjà effectués ?
L’ensemble des travaux a été engagé après la signature de la convention de raccordement le 1er août 2019.
Sur la plage de la Courance à Saint-Nazaire, des opérations de génie civil ont notamment permis de créer les deux chambres d’atterrage permettant la jonction entre les câbles sous-marins et les câbles souterrains, ainsi que l’installation de fourreaux -sur une longueur de 360 mètres- destinés à accueillir les deux câbles sous-marins. Les travaux d’installation de ces câbles ont véritablement commencé en août et se sont achevés fin octobre.
Le premier câble sous-marin a été installé cet été. Pouvez-vous nous donner plus d’information sur cette opération d’envergure ?
Après l’intervention du service de déminage de la Marine Nationale au mois de juillet pour neutraliser plusieurs bombes non-explosées datant de la 2nde Guerre Mondiale, l’installation du premier câble sous-marin à 225 000 Volts a démarré le 9 août dernier et mobilisé une centaine de personnes à terre et en mer.
Le navire câblier « Cable Enterprise » s’est positionné à 700 mètres de la plage avec, à son bord, le premier câble qui mesure 33 km de long d’un seul tenant pour 27 cm de diamètre. Un chargement qui pèse près de 3 500 tonnes !
A terre, un treuil a tiré le câble jusqu’à l’une des chambres maçonnées en haut de la plage et mis en place le câble dans l’un des fourreaux. Le bateau a ensuite quitté la Courance pour dérouler le câble sur 33 km jusqu’à la zone du futur Parc éolien en mer.
Cette zone est très fréquentée en période estivale. Comment avez-vous géré cet aspect à terre ?
Afin de rendre compatibles les activités touristiques avec nos travaux, nous avons réduit notre périmètre d’intervention dès le 10 juillet, en le limitant à la partie haute de la plage de la Courance.
Des aménagements ont également été réalisés en concertation avec la ville de Saint-Nazaire : un poste de secours provisoire a été installé plage de la Courance et les conditions d’accès à cette plage ont été modifiées pendant la période estivale. Un parking situé à proximité a également été aménagé, le parking de la plage étant occupé par la base vie des travaux.
Et pour la partie maritime ?
Les conditions de sécurité en mer ont été examinées avec les services de l’Etat, notamment avec la Préfecture maritime de l’Atlantique qui a publié un arrêté. Un périmètre de sécurité a ainsi été défini autour du navire câblier et une surveillance de la zone est assurée pendant toute la durée des opérations.
Un document destiné aux usagers de la mer au sens large (pêcheurs, plaisanciers), qui rappelait les règles de sécurité à respecter autour du navire, a aussi été affiché dans les capitaineries. Ce même affichage a été installé en différents endroits du littoral pour informer largement sur nos travaux et les enjeux de sécurité qui y sont liés.
Enfin, nous avons eu des échanges réguliers et renforcés avec les acteurs de la pêche professionnelle afin de trouver ensemble une organisation de nos travaux permettant de limiter autant que possible la gêne aux activités de pêche. Avec le Comité des Pêches des Pays de la Loire nous avons défini des modalités d’information spécifiques, avec notamment des messages quotidiens auprès des pêcheurs professionnels de la zone. Ces messages ont été également largement diffusés auprès des usagers de la mer (capitainerie des ports, associations de plaisanciers, …..).
Ce chantier mobilise-t-il un grand nombre d’acteurs du territoire ?
Absolument ! Le travail de concertation mené depuis l’origine du projet avec les collectivités, les acteurs de la mer, les associations naturalistes, les riverains… se poursuit au-delà des différentes autorisations obtenues pour la construction de l’ouvrage.
D’un point de vue opérationnel, le raccordement mobilise environ 250 personnes (prestataires, équipe projet RTE). La partie terrestre fait essentiellement appel à des prestataires locaux pour la réalisation des enrobés de chaussée, la fourniture de béton… comme par exemple l’entreprise Charier TP. La partie maritime requiert des compétences et du matériel très spécialisés. Ainsi, RTE a retenu la société PRYSMIAN pour fabriquer les câbles sous-marins dans ses usines françaises et les installer en mer.
La pandémie de Covid-19 a-t-elle eu un impact sur le déroulement du chantier ?
La crise sanitaire a nécessité la mise à jour de nos documents relatifs à la sécurité des personnels et l’adaptation des conditions de travail. Un travail réalisé avec notre coordinateur sécurité.
Néanmoins, après une courte interruption, les travaux réalisés sur la plage de la Courance se sont poursuivis dès la mi-avril. Concernant la partie terrestre, il y a eu une période de suspension du chantier un peu plus longue mais elle ne remet pas en cause nos engagements de délais de mise à disposition du raccordement vis-à-vis de la Société gestionnaire du Parc éolien en mer.
Quelles sont les prochaines étapes du chantier ?
Les travaux vont se poursuivre plage de la Courance jusqu’au printemps 2021. Le raccordement terrestre et la finalisation du poste de Prinquiau seront menés jusqu’à l’automne 2021. Nous rentrerons ensuite dans une phase de test de l’ensemble de l’ouvrage, en vue de sa mise à disposition du producteur d’électricité à la fin du printemps 2022.
Une fois les travaux terminés, le raccordement sera-t-il visible sur la plage de la Courance ?
A l’issue de nos travaux, la plage retrouvera son état naturel initial. Aucun élément ne permettra d’identifier l’ouvrage de RTE sur la plage car les chambres d’atterrage sont recouvertes d’une hauteur de sable de 2,50 m et aucune opération ultérieure (maintenance) ne sera nécessaire.