A compter de fin mars, de nouvelles règles de navigation seront mises en œuvre pendant le chantier du Parc éolien en mer de Saint-Nazaire.
Ces règles ont été définies lors du dernier Comité Nautique Local (CNL) qui s’est tenu le 12 janvier 2021.
Afin de favoriser la cohabitation avec les usagers de la mer et en particulier les professionnels de la pêche, deux mesures clés ont été prises :
- une fermeture progressive de la zone de chantier,
- et la mise en place de couloirs de navigation réservés aux pêcheurs professionnels pendant toute la durée des travaux en mer.
Ces mesures sont inédites car il s’agit là d’une première mondiale ! Le Parc éolien en mer de Saint-Nazaire est ainsi le premier parc en mer au monde où les professionnels de la pêche pourront traverser la zone de chantier pour poursuivre leur activité, moyennant des règles à observer.
Laissons la parole à José Jouneau, Président du COREPEM (COmité RÉgional des Pêches maritimes et des Élevages Marins des Pays de la Loire), pour nous donner le point de vue des professionnels de la pêche sur cette phase de chantier en mer qui s’ouvre.
Comment ont germé ces mesures uniques prises lors de la CNL ? Répondent-elles aux demandes des pêcheurs professionnels ?
Compte tenu de l’ampleur du projet et du chantier en mer, les pêcheurs professionnels ont tout de suite souhaité poser un cadre clair afin de pouvoir maintenir leur activité tout au long de cette période qui durera au total plus de 18 mois. Et cela devait passer par la possibilité de traverser le site d’implantation du parc pour rejoindre certaines zones de pêche.
Chacun a su prendre ses responsabilités afin de trouver un terrain d’entente. Ces mesures (fermeture progressive du parc et couloirs de navigation) sont le fruit de nombreuses heures, journées d’échanges et discussions. Les pêcheurs comme la direction du projet du Parc éolien en mer de Saint-Nazaire ont su faire preuve de bon sens.
Tout n’a pas été simple mais les représentants du projet ont été ouverts et de bons interlocuteurs, à l’écoute de nos problématiques. Ces mesures en témoignent.
Considérez-vous que les conditions d’accès aux couloirs de navigation sont suffisantes pour la sécurité des marins professionnels ?
On parle tout de même ici de couloirs d’1,5 milles marins de large, soit près de 3 km, de quoi amplement permettre à deux navires de pêche de se croiser en toute sécurité. Cet espace dédié, cette largeur viabilisent une réelle cohabitation des usages entre les pêcheurs qui traversent le parc dans le cadre de leurs activités et les navires de transport ou les manœuvres qui seront sur le site pour concrétiser la construction du parc au jour le jour. De plus, des règles de navigation maritime ont été définies à l’intérieur des couloirs et des mesures de sécurité maritime, comme par exemple l’intégration du plan du parc sur les ordinateurs de bord des pêcheurs, ont été élaborées en lien avec la Préfecture maritime.
Là encore, le débat a été essentiel. Représentants des pêcheurs et du projet se sont entendus pour valider un principe, aujourd’hui devenu un protocole, qui va permettre d’ici quelques jours la concrétisation de cette initiative inédite. Cela se fait en Pays de la Loire, au large de Saint-Nazaire et des côtes ligériennes, soyons-en fiers !
La fermeture progressive du parc va entraîner pour partie une perte d’exploitation pour certains. Comment avez-vous abordé ce point avec les porteurs du projet ? Les pêcheurs professionnels concernés seront-ils indemnisés ?
Ce sujet a été épineux. Il a fallu quatre années de travail pour arriver à un protocole d’indemnisation acceptable et accepté par la très grande majorité des professionnels de la pêche du territoire. Jamais un protocole comme celui-ci n’a engendré un tel niveau de concertation entre des parties prenantes. Et cela est à l’image du projet et de ses porteurs : des interlocuteurs toujours ouverts au dialogue et constructifs.
Une méthodologie a été développée en partenariat avec EDF Renouvelables, RTE, le COREPEM et l’Université de Nantes afin de compenser le manque à gagner des pêcheurs au plus près de leur perte économique réelle. Le protocole d’évaluation du préjudice, reposant sur l’analyse des antériorités de pêche (fréquentation et données économiques) au sein des zones travaux, s’applique à l’échelle de chaque entreprise de pêche en poursuivant un objectif d’équité. Les entreprises de pêche seront donc indemnisées pour des pertes économiques avérées durant ces travaux.
Ce protocole novateur semble bien fonctionner et nous en avons testé l’efficacité en 2020 lors de l’installation des câbles reliant la sous-station électrique à la plage de la Courance par RTE.
Nous entrons aujourd’hui dans une phase beaucoup plus importante de travaux en mer et nous sommes tous convaincus que cela se passera bien.