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Interview de Pierre-Emmanuel Guillot, Directeur du parc éolien en mer de Saint-Nazaire depuis fin 2022

 

Pierre-Emmanuel Guillot, vous êtes désormais à la tête du parc éolien en mer de Saint-Nazaire depuis fin 2022, pouvez-vous vous présenter ?

Par ma formation, je suis ingénieur des Arts et Métiers. Je travaille dans l’éolien en mer pour EDF Renouvelables depuis plus de 10 ans, d’abord sur la préparation de l’exploitation du Parc éolien en mer de Saint-Nazaire et aujourd’hui en tant que responsable de cet actif.

 

Justement, quelles sont vos missions dans la gestion du parc au quotidien ?

La priorité, c’est de veiller à la sécurité des biens et des personnes autour et dans le parc de Saint-Nazaire. Ensuite, je suis chargé d’assurer la bonne exploitation de l’installation. Cela consiste à piloter à la fois les équipes opérationnelles de La Turballe, celles basées à Paris, ainsi que celles dans le Sud de la France qui gèrent l’aspect supervision. Globalement, cela se traduit par la coordination de ces différentes équipes !

 

L’exploitation et la maintenance du parc sont gérées depuis une base dédiée sur le port de la Turballe, combien de personnes cela représente-t-il et quels sont les métiers concernés ?

Cela représente une centaine d’emplois environ, localisés sur La Turballe. Il y a une grande variété de métiers au sein de la base de maintenance. Les plus visibles, ce sont bien sûr les techniciens de maintenance, c’est le cœur de notre activité ! Ce sont eux qui prennent quotidiennement les bateaux pour aller sur site en mer. Ensuite, nous avons des ingénieurs électriciens, mécaniciens et d’autres métiers comme caristes, approvisionneurs…, ou bien encore des emplois liés aux bateaux (capitaines et équipiers qui emmènent les équipes sur site, ndlr) ou aussi aux fonctions administratives.

 

Comment se passe la gestion du parc au quotidien avec tous les acteurs impliqués ?

Les journées sont rythmées par les sorties en mer de nos bateaux. Sur l’exploitation du parc, nous avons deux activités principales. Tout d’abord la supervision, qui revient à modérer la gestion du site depuis les écrans de la salle de contrôle de La Turballe. Ensuite, la maintenance, la mission principale, qui consiste à aller sur les éoliennes ou la sous-station pour effectuer des tests de maintenance ou de contrôle. 

Nos journées s’articulent donc autour du transfert de ces équipes, piloté depuis la base de maintenance par des personnes en charge de la coordination maritime. Ce sont eux les “chefs d’orchestre”, qui vont donner les autorisations d’accès et de travail à tous les acteurs : capitaines des navires, équipes EDF Renouvelables de l’opérateur, équipes de General Electric, notre fournisseur de service principale pour les aérogénérateurs, ou encore tous les autres sous-traitants qui interviennent sur le site. Nous sommes donc en contact permanent avec la Préfecture maritime, les services de l’État et les autres usagers de la mer. 

 

Qu’en est-il du parc éolien en mer de Saint-Nazaire après 5 mois d’exploitation ?

Premièrement, nous sommes très satisfaits, car nous n’avons eu aucun incident qui relève de la santé ou de la sécurité dans le périmètre d’exploitation du parc, c’est donc un premier succès.

Ensuite, nous tirons un premier bilan très positif parce que nous avons atteint récemment un terawatt-heure (TWh) d’électricité produite depuis mai 2022. La production électrique décarbonée et la façon dont les éoliennes se comportent sont bien en phase avec nos attentes.

 

Quels sont les enjeux de cette première année d’exploitation  ?

Il faut garder en mémoire que nous sommes sur un nouvel actif et une nouvelle industrie en France. L’enjeu premier est donc de garantir la santé et la sécurité des personnes, ainsi que la bonne coordination avec les services de l’État. 

C’est la première fois que tous ces acteurs travaillent ensemble (CROSS, Préfecture maritime, fournisseurs…). Pour la première année, l’objectif est d’arriver à bien travailler conjointement. Aujourd’hui, après 5 mois d’exploitation, on voit que cela fonctionne. L’autre enjeu majeur sera de délivrer comme promis de l’électricité décarbonée avec un objectif de production d’1,6 TWh dans l’année.

 

Ces chiffres de production sont-ils conformes aux prévisions ?

Il y a bien sûr une certaine variabilité mois par mois de la production, mais globalement sur ces 5 derniers mois la production est conforme à nos attentes.  Nous réaliserons un bilan de décembre 2022 à décembre 2023 pour évaluer la production du Parc sur une année complète, mais à ce jour, les résultats sont positifs et encourageants.

 

Comment envisagez-vous le retour à la navigation dans la zone réglementée ?

La priorité, c’est de sensibiliser les usagers de la mer afin de favoriser au mieux le retour des activités dans des conditions de sécurité optimales. Nous avons développé des supports de communication adaptés (signalétique, flyers) et continuons à aller à la rencontre des usagers pour faire de la pédagogie et les accompagner. Aujourd’hui, l’accès est autorisé aux navires (voile ou moteur), de moins de 25 mètres, équipés d’un AIS actif et à la condition de ne pas dépasser les 12 nœuds.

 

Pour terminer, un mot pour les habitants du territoire ?

Ce n’est pas parce que le parc est entré en phase d’exploitation que nous allons arrêter toutes nos actions de suivi du territoire, bien au contraire. Pour les 25 prochaines années d’exploitation, nous allons être un acteur clé du territoire. Nous organisons des visites de la base de maintenance et du parc en mer et nous invitons les habitants à y participer pour comprendre comment on produit de l’électricité décarbonée. Enfin, notre présence sur le territoire, c’est aussi une concertation continue avec les différents usagers, les pêcheurs en particulier. Nous avons des rendez-vous réguliers avec ces acteurs, avec les maires concernés et tous les autres acteurs locaux. 

 

C’est un sentiment de fierté partagé qu’éprouvent les équipes d’EDF Renouvelables et notre partenaire General Electric, d’exploiter aujourd’hui le premier parc éolien en mer de France.