Bonjour Fanny, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Fanny et je suis artiste et illustratrice basée à Lorient. J’ai commencé ma carrière en tant que freelance à Berlin. J’ai ensuite travaillé en CDI chez Lacoste en tant que directrice artistique dans le domaine de l’e-commerce et du digital, avant de revenir en freelance, cette fois en Bretagne, depuis 10 ans maintenant.
Je travaille sur beaucoup de projets à impact positif ou liés à la mer et à l’océan. Cela se fait assez naturellement, mes clients se retrouvent dans mes créations. Je tiens également un blog sur le surf, les divers aspects nautiques et la faune marine.
Peux-tu rappeler le contexte de cette collaboration avec EDFR ?
Ce projet s’inscrit dans un contexte global de scénographie de la base de maintenance imaginée par les équipes du parc éolien en mer de Saint-Nazaire. La fresque n’est finalement qu’une partie de l’expérience globale proposée aux visiteurs de la base de maintenance.
Au départ, nous étions trois illustratrices sollicitées, nous avons fait trois propositions, plutôt des esquisses qui ont été soumises à un vote du personnel pendant 1 semaine. Et au final, c’est mon projet qui a été retenu par les collaborateurs.
Pourquoi avoir participé à ce projet ?
J’ai d’abord eu une discussion avec les équipes d’EDF Renouvelables pour évoquer mes opinions personnelles sur le projet. Nous avons eu un échange très intéressant sur l’impact sur les océans, car à titre personnel, mon mari et moi sommes très impliqués dans des causes comme la protection des requins par exemple.
Je me suis vite aperçue que ce projet me parlait, notamment grâce aux études d’impact sur le milieu marin réalisées avant, pendant et après le projet. Au fur et à mesure de notre discussion, on m’a partagé des photos de la faune, des oiseaux, des dauphins, certaines que nous avons utilisées pour la fresque d’ailleurs. Cela faisait écho à des notions que je connaissais déjà, comme l’effet DCP (dispositif de concentration de poissons), proche de l’effet récif ou de la biocolonisation.
Pour toutes ces raisons, s’il y avait une énergie à défendre plus qu’une autre, pour moi c’était l’éolien, car cela me parle beaucoup. C’est ce qui a motivé ma participation à ce projet.
Qu’as-tu ressenti quand tu as appris que tu étais l’artiste choisie par les collaborateurs ?
Je trouvais ça hyper intéressant. Au début, ça m’a fait un peu peur parce que parfois, des styles graphiques très colorés ou très digitaux marchent très bien auprès du grand public, et mon style en est assez éloigné. En même temps, je me suis dit que ces personnes allaient vivre avec la fresque, elles étaient les mieux placées pour la choisir. Être choisie par eux était extrêmement gratifiant !
Quelles étaient les contraintes de création ?
L’élément principal du brief était de voir une éolienne, au moins une. Évidemment, on ne pouvait pas la représenter à échelle 1. Donc, ça m’a vite orientée vers une perspective assez radicale, en contre-plongée, pour pouvoir la voir, tout en situant l’angle de vue depuis celle d’un poisson ou d’un crustacé posé au fond.
Cela donnait la sensation de faire partie de cette faune marine. Dans ma vie personnelle, je pratique un peu la plongée et l’apnée, mais je pense que peu de gens mettent la tête sous l’eau et voient ce qu’il y a sous nos côtes au final. J’ai trouvé intéressant de les embarquer dans cette expérience là.
C’était la première fois que je réalisais une œuvre aussi grande : 20 mètres carrés. En moyenne, je travaille plutôt sur des surfaces de 5 à 10 mètres carrés.
Quelles sont tes inspirations en général et pour cette fresque en particulier ?
Hormis mon style graphique et mes convictions personnelles, l’idée était de faire quelque chose de réaliste. Sur cet aspect, j’ai été guidée par les équipes du parc, qui m’ont indiqué si c’était cohérent avec la réalité, par exemple quel type d’oiseau je pouvais représenter en fonction de la faune réellement présente sur le parc éolien en mer de Saint-Nazaire.
Qu’as-tu voulu exprimer à travers cette œuvre ?
Le but était de montrer le retour de la biodiversité au pied des éoliennes. En même temps, le fait de tout unifier en monochromie ne mettait pas plus en avant l’éolienne que le reste. L’idée était de créer un tout harmonieux, dans la même couleur et le même ton graphique, pour montrer que l’éolienne est incluse dans le paysage.
Et enfin, quelle a été ta réaction quand tu as découvert la fresque posée ?
Un soulagement. Avant même d’être fière ou contente, je me suis sentie soulagée parce que j’ai eu un gros travail au niveau de la colorimétrie : passer de l’encre de chine et des niveaux de gris à du CMJN, cela ne se passe pas toujours parfaitement.
Une fois devant la fresque finie, j’étais hyper contente parce que tout le travail s’est fait devant mon écran et c’est une véritable expérience de se sentir incluse dans cet univers là à échelle 1.
C’est aussi plaisant de voir les choses aboutir et de se rendre compte qu’elles correspondent à l’univers que je souhaitais créer : la sensation d’être vraiment sous l’eau avec cet effet de surface au-dessus de nous. C’était l’enjeu principal, et j’ai l’impression que cela a marché.
C’est la plus grande mais aussi la plus chouette commande de fresque que j’ai eue jusqu’ici, tant au niveau des échanges que de l’épanouissement artistique que j’y ai trouvée. Un grand merci aux équipes de Disobey et Edf Renouvelables pour leur confiance !