Bonjour Charlotte, peux-tu nous présenter ton métier et tes missions ?
Je suis cheffe de projet éolien en mer chez EDF Renouvelables. Pour le parc éolien en mer de Saint-Nazaire, je suis en charge du suivi des autorisations administratives du projet, des relations avec les services de l’Etat et des relations territoriales. Pour faire simple, ma mission c’est d’être la porte d’entrée du projet sur le territoire pour l’ensemble des parties prenantes : les élus, les acteurs de la formation, les entreprises locales, les pêcheurs ou encore le grand public. Je m’appuie sur une équipe composée de chefs de projets spécialisés sur les sujets d’environnement, de sécurité maritime, de pêche et un responsable communication.
Cela fait maintenant deux ans que le parc est en exploitation,
quelles actions ont été menées pour favoriser son ancrage sur le territoire ?
Ce projet s’inscrit sur le territoire sur lequel on travaille depuis une dizaine d’années. Nous avons considéré que même si le parc était construit et en exploitation pour 25 années, ce n’était pas pour autant que nous allions tirer le rideau. Nous avons donc décider de mettre en place des actions de manière proactive. Nous avons ainsi décidé d’ouvrir les portes de la base de maintenance de La Turballe au grand public sur la période des vacances scolaires et d’organiser des visites du parc en mer. Nous avons donc renforcé notre équipe en recrutant un guide officiel. Nous avons aussi travaillé autour d’une scénographie dans la base de maintenance avec l’idée de faire savoir ce qui se passe concrètement maintenant que le parc est en exploitation. Par exemple, l’activité principale de la maintenance, c’est du préventif ! Il y a de nombreux éléments à aller inspecter régulièrement sur les 80 éoliennes, le poste électrique etc. Une activité qui nécessite l’intervention de différents corps de métiers mais également des créations d’emplois spécifiques. Évidemment, nous continuons aussi à informer sur la production électrique du parc, c’est un sujet qui intéresse le public.
En local, nous sommes également présents sur les évènements qui rassemblent le grand public à travers des stands et des supports de communication pédagogiques pour échanger directement avec les habitants. Ce sont principalement des manifestations qui ont lieu l’été, ce qui nous permet d’aller à la rencontre des résidents secondaires et des touristes.
Nous nous sommes aussi rapprochés des associations locales de plaisanciers pour faire connaître les règles de navigation dans le parc. Nous poursuivons aussi nos partenariats avec les acteurs de la formation et en particulier l’IUT de Saint-Nazaire. Enfin, nous échangeons aussi beaucoup avec les entreprises locales sur les activités de sous-traitance au niveau du parc.
A côté de ça, nous avons également eu des sollicitations que nous n’avions pas anticipé, notamment des actions territoriales qui se sont développées sur le sujet du tourisme. Nous avons de nombreuses demandes de visites de la base ou du parc en mer, qui sont mises en place par Saint-Nazaire Tourisme et la Compagnie NAVIX. Plus de 9.000 visiteurs en 2023 et 10.000 cette année ont pu découvrir nos infrastructures. Cela démontre qu’il y a une vraie curiosité pour ce projet ! Le parc est devenu un élément touristique à part entière avec des retombées économiques importantes pour le territoire.
Ressens-tu une évolution dans la perception du parc par les riverains et les touristes, et si oui laquelle ?
Au moment où le parc est sorti de terre, nous avons pu entendre que l’impact visuel des éoliennes était supérieur à ce qui avait été imaginé. Nous avons développé des supports pédagogiques qui nous permettaient de démontrer que les vues du parc aujourd’hui étaient bien conformes aux simulations visuelles qui avaient été présentées lors du débat public. Le fait d’appréhender et de découvrir le parc dans un environnement réel est forcément différent de l’appréhension qu’on peut avoir sur des simulations visuelles.
Depuis deux ans, on a croisé des milliers de personnes, que ce soit lors de réunions, de visites de nos sites ou bien sur des évènements. Le public a conscience de l’urgence climatique, il le voit dans son quotidien avec les inondations, les canicules, les incendies etc. Les gens savent que la transition énergétique passe notamment par les énergies renouvelables. Pour beaucoup, ils ne sont pas opposés à ce projet, ils acceptent les éoliennes parce qu’elles sont nécessaires à cette transition énergétique. On se rend compte aussi qu’il y a certaines personnes qui ont encore des idées reçues sur le parc, que ce soit sur sa construction, son fonctionnement ou son impact environnemental. Pour ce dernier point, nous avons fait réaliser cette année une série de vidéos qui vient vulgariser les sujets de suivis environnementaux sur le parc. Il y a encore de la pédagogie à faire et nous continuerons ce travail de fond en allant à la rencontre des publics.
Justement, quelles actions sont prévues en 2025 ?
Nous recevons beaucoup de sollicitations d’établissements scolaires et d’enseignants pour intervenir dans les classes. Nous allons évidemment continuer à ouvrir nos portes pour expliquer nos métiers. Dans les prochaines années, il y aura un fort besoin de recrutement sur tous les métiers de l’éolien en mer. C’est important de faire connaître ces projets, ces technologies, les métiers et les parcours pour y arriver.
Nous allons aussi poursuivre les partenariats avec les associations de plaisanciers. Nous avons constaté un petit relâchement sur les règles de navigation dans la zone du parc, il y encore beaucoup de sensibilisation à faire. Nous pouvons nous appuyer sur des interlocuteurs très précieux au niveau local au Pouliguen et au Croisic qui font un vrai travail auprès de leurs membres pour rappeler les questions de sécurité maritime.
Nous allons aussi continuer à informer le grand public en poursuivant les visites de la base de maintenance pendant les vacances scolaires, des visites du parc en juin et en septembre, et une présence sur les évènements du territoire cet été.